
Persian King célèbre son premier gagnant de Stakes
Persian King, étalon du Haras d’Etreham, a enregistré son premier lauréat de Stakes lorsque Darius Cen, entraîné par Victoria Head, s’est imposé dans le Prix Omnium II Listed, 1600m sous les couleurs de Yeguada Centurion Slu, dimanche à Saint-Cloud.
Le poulain, engagé dans les classiques, a fait forte impression et a non seulement confirmé son propre avenir prometteur, mais aussi celui des produits de son père de manière plus générale. Âgé de neuf ans, Persian King s’était révélé un compétiteur exceptionnel sur différentes distances durant ses trois années de carrière sous l’entraînement d’André Fabre, progressant régulièrement jusqu’à réaliser, sans doute, ses meilleures performances lors de ses deux dernières sorties à quatre ans. Les premiers indicateurs suggèrent que sa production suivra une trajectoire similaire.
Darius Cen
Bien qu’appartenant à la première génération de Kingman – dont Calyx, vainqueur des Coventry Stakes Gr.2, fut la tête d’affiche, Persian King était un cheval moins précoce. Débutant sur 1500m à Deauville en août 2018, il termina deuxième après un départ légèrement hésitant. Ce fut sa seule défaite de l’année, enchaînant ensuite deux succès à Chantilly avant de dominer Magna Grecia (Invincible Spirit), futur lauréat des 2,000 Guineas Gr.1, et Circus Maximus (Galileo), triple vainqueur de Gr.1 sur le mile, dans les Autumn Stakes Gr.3 à Newmarket.
Abordant l’hiver parmi les favoris pour plusieurs classiques, Persian King effectua sa rentrée en avril avec une victoire de cinq longueurs dans le Prix de Fontainebleau Gr.3, 1600m à Longchamp. Quatre semaines plus tard, il remportait la Poule d’Essai des Poulains Gr.1 sur la même distance, devançant Shaman (Shamardal) d’une longueur, avant de terminer deuxième du Prix du Jockey Club Gr.1, 2100m après avoir hérité du numéro 14 sur 15 dans les stalles. Le vainqueur de cette édition, Sottsass (Siyouni), allait ensuite confirmer la qualité de cette course.
Une blessure mineure l’écarta des pistes pour le reste de sa saison de trois ans, mais il revint encore plus fort à quatre ans. Battu de peu pour sa rentrée, il enchaîna avec des victoires dans le Prix du Muguet Gr.2, 1600m et le Prix d’Ispahan Gr.1, 1800m, ce dernier ayant été décalé à juillet en raison des perturbations liées au Covid-19. Trop allant dans le Prix Jacques le Marois Gr.1, où il termina quatrième, il réalisa ensuite sa performance signature dans le Prix du Moulin de Longchamp Gr.1, 1600m.
Mené par Pierre-Charles Boudot, Persian King prit un excellent départ, s’empara de la tête à 400m du poteau et s’imposa d’une longueur et trois quarts devant Pinatubo (Shamardal), champion européen des 2 ans et triple lauréat de Gr.1. Derrière lui figuraient également Circus Maximus, Siskin (First Defence), Victor Ludorum (Shamardal) et Romanised (Holy Roman Emperor), un lot d’adversaires totalisant 12 victoires de Gr.1 et trois succès classiques.
Malgré son tempérament allant et son aptitude sur le mile, André Fabre n’hésita pas à l’aligner sur 2400m pour son ultime course, le Prix de l’Arc de Triomphe Gr.1. Son audace fut récompensée par une belle troisième place derrière Sottsass et In Swoop (Adlerflug), devançant des champions tels qu’Enable (Nathaniel), Stradivarius (Sea The Stars) et Gold Trip (Outstrip). Une conclusion digne d’une carrière remarquable.
Élevé sous la bannière Dayton Investments Limited de la famille Wildenstein et d’abord propriété de Ballymore Thoroughbreds, Persian King vit Godolphin acheter une part avant sa saison de 3 ans. À sa retraite, ses propriétaires s’associèrent au Haras d’Etreham pour sa carrière d’étalon, qu’il entama en 2021 au tarif de 30 000 €. Celui-ci fut ajusté à 25 000 € en 2023 et reste stable depuis.
Grâce à la popularité de son père, Persian King attira un plein livre de 140 juments dès sa première saison, en saillit 115 en 2022 et fut à nouveau complet en 2023, dépassant les 100 juments en 2024. Un de ses premiers yearlings atteignit 300 000gns lors de la vente Tattersalls October Book 1, tandis que d’autres trouvèrent preneurs pour 200 000 €, 160 000 € (deux fois) et 150 000gns. La tendance s’est poursuivie avec la vente de Bambalam (Tally-Ho Stud) pour 600 000gns aux Craven Breeze-Up Sales, le quatrième top price de la vente et le plus cher parmi ceux ne rejoignant pas Godolphin.
Malgré ce succès commercial, ses premiers 2 ans ne firent pas d’entrée fulgurante en piste, une situation aisément explicable. Il fallut attendre le 10 juin pour voir son premier vainqueur, Out Of Africa (Joël Boisnard) à Craon, et bien que Persian King n’ait pas décroché de victoire de Stakes cette année-là, ses 15 gagnants sur 47 partants (32 % de réussite) lui permirent de se classer troisième des jeunes étalons en France et parmi les dix meilleurs en Europe.
L’essentiel de ses produits ayant couru en fin d’année avec seulement deux ou trois sorties à leur actif, ils sont attendus en nette progression à 3 ans. Le cliché s’applique ici parfaitement : tout ce qu’ils ont accompli à 2 ans était un bonus, et de nombreux inédits sont encore à venir.
Cela ne signifie pas que ceux ayant débuté manquaient de promesses. Darius Cen a gagné son maiden de 11 longueurs à Clairefontaine et vise désormais la Poule d’Essai et le Jockey Club. Cap Saint Martin (Joseph O’Brien) a été testé en Listed avant de s’imposer sur le mile au Curragh, tandis que Treble Tee, gagnant à Newmarket pour les Crisfords, est désormais coté pour les 2,000 Guineas.
Parmi les autres espoirs, Yoga Master (André Fabre) s’est imposé à Saint-Cloud avant d’être retiré du Prix des Réservoirs Gr.3, The Trickster est invaincu en deux courses, et Eupator (Richard Hannon) ainsi qu’Al Mumayaz (Owen Burrows) détiennent de solides engagements.
Bref, il y a beaucoup à attendre de cette génération, et leur amélioration avec l’âge et la distance n’a rien d’étonnant. Persian King lui-même s’était affirmé avec le temps, et son pedigree regorge d’indices pointant vers la tenue.
Sa mère, Pretty Please (Dylan Thomas), s’était imposée sur 2100m et est une demi-sœur de Planteur, Prix Ganay Gr.1, étalon connu pour ses produits de tenue. Plus loin, on retrouve Policy Maker (Sadler’s Wells), père du champion d’obstacle Chacun Pour Soi, et Pawneese (Carvin), gagnante des Oaks et du Prix de Diane en 1976.
Persian King incarne ainsi un héritage d’exception, ancré dans la lignée Wildenstein. Bien que Ballymore Thoroughbreds et Dayton Investments aient été rachetés par les frères Wertheimer en 2023, il demeure un digne représentant de cette illustre souche, illustrant à merveille l’excellence de l’élevage français.